01/05/2018 Germaine BOURRIAUD - 2Lt Harry ROACH

Germaine BOURRIAUD – Saint-Père-en-Retz
Témoignage recueilli par Michel Gautier le 1er mai 2018.

 

C’est d’Harry ROACH que je voudrais parler.

     Après avoir laissé Clément BRIDEAU, Harry ROACH a rencontré sur son chemin Joseph MONNIER (fils) qui l’a emmené à la maison, chez son père, à La Cochardière. Ils se sont organisés et ont fait appel à mon oncle Eugène DURAND du Petit Pas et aussi à M. BOITIER de La Bâte. Bien occupés à trinquer et à fumer, ils ont entendu des motards (des soldats allemands). La porte était ouverte et aussitôt l’Américain s’est caché sous le lit. Le père MONNIER est sorti sur le pas de la porte et a demandé ce qu’ils cherchaient… Non, il n’avait rien vu… Il leur a montré la route à droite et leur a dit qu’ « il » avait bien pu passer par là.

     Dès que les Allemands ont été partis, ils se sont mis au travail, ont habillé l’Américain en paysan qui va au travail. C’est mon oncle qui a donné les vêtements car comme corpulence, c’est lui qui ressemblait le plus. Ils lui ont mis l’adresse du curé de Chauvé dans sa poche et l’ont laissé partir seul par la route qui mène à Saint-Père. Mais il y avait la ligne à Hucheloup où les Allemands observaient…             En même temps, mon oncle avait donc préparé une serpe à grand manche et suivait l’Américain à travers champ.

     L’Américain avait bien du mal à marcher, il est tombé en face de Hucheloup sur le bord de la route et ne s’est pas relevé. Les allemands sont venus le voir, il leur a baragouiné quelque chose. Ils ont pensé que c’était un paysan du coin. Mon oncle s’est approché lui aussi et leur a dit qu’il avait bu et ils sont repartis.

     Mon oncle est alors rentré vite chez lui, a pris son vélo et est descendu à Saint-Père où il a demandé quelqu’un pour emmener l’Américain à Chauvé ou le curé l’a gardé à passer la nuit. J’ai entendu dire que le lendemain, le curé de Chauvé lui avait donné un vieux vélo et une adresse pour aller plus loin et lui avait dit « Débrouille-toi avec ça » ! J’ai appris ce jour-là qu’il en avait aidé plusieurs.

     … La veille de la commémoration au Morandières, j’ai eu la visite de mon frère Maurice (c’est le plus jeune de la famille) qui m’a dit que l’aile d’avion qui a été longtemps dans le jardin à Chanteloup faisait partie de l’avion des Morandières ! Je ne le savais pas. C’est avec le parachute que ma mère nous avait  fait des corsages à ma sœur et moi. Cette aile et ce parachute était tombés chez CHAUVET du Brandais mais CHAUVET avait peur d’être inquiété et c’est pour ça qu’ils les avaient mis chez nous.

     J’espère que j’ai été assez claire. Ce sont des choses que nous n’avons jamais dites dans la famille. Elles ont été gravées dans ma mémoire. Merci de m’avoir laissé parler l’autre jour.

            Germaine BOURRIAUD