15/05/1996 Dc Pierre MARGAT - S/Sgt Powell GRIFFIN
Docteur Pierre MARGAT
Nantes, le 15 Mai 1996
Monsieur BRIDEAU,
Votre lettre du 11 mai me parvient à Nantes où je réside l'hiver.
Je me souviens en effet de ce 1er mai 1943. Ce jour là, 2 officiers Allemands (et leur chauffeur) à bord d'une " Traction avant " Citroën noire, sont venus me chercher à mon cabinet pour un " blessé ". Je ne me souviens pas des side-cars que vous mentionnez.
Ils m'ont emmené à la ferme de "La Bosse", de la famille Leray, que je connaissais. Dans la cour, était allongé sur son parachute (je me souviens que la finesse du tissu m'avait frappé) un aviateur américain qui était en effet blessé aux membres inférieurs, mais avait toute sa connaissance. J'ai indiqué aux Allemands que cet homme devait être hospitalisé, étant donné ses blessures et une fracture.
Celà va peut-être vous étonner, mais je n'ai pas de souvenir précis de mon retour chez moi, probablement la voiture allemande m'a reconduit… Mais le blessé a été transporté dans une autre voiture... Probablement vers Saint-Brévin où était le commandement de la région du sud de la Loire et où se trouvait aussi, je crois, l'hôpital allemand, au Lazaret de Mindin. À Pornic il n'existait qu'une infirmerie située aux " Grandes Vallées " (Villa « Les Buzards » à Sainte-Marie-sur-Mer).
Entre avril 1941 et le 8 mai 1945 (surtout pendant la "Poche" ) j'ai été plusieurs fois " réquisitionné " ce qui fait que je puis confondre certains détails.
Les jours suivants ce 1er mai, j'ai rencontré à plusieurs reprises de petits détachements allemands à la recherche d'un second parachutiste tombé dans les parages et sans doute recueilli dans une ferme... Je n'ai pas entendu dire qu'il ait été capturé, à moins que ce ne soit celui que vous signalez comme ayant été pris à la gendarmerie de Pornic.
Quant à WOLF, je pense qu'il était " Leutnant ". Il était craint de la population car il se conduisait comme un gendarme, veillant au camouflage des lumières, au respect du couvre-feu, etc... La menace à la bouche.
Je ne me souviens pas de la Kommandantur Quai Leray, mais au Jardinet, où elle se trouvait encore le 8 mai 1945. Les officiers allemands ont habité une villa à Gourmalon. Ils avaient aussi réquisitionné la villa «Saint Luc» (entourée de hauts murs) située sur la route de La Noëveillard après la plage du Château.
Les familles Loukianoff, Pollono, Bracmard sont en effet parmi celles qui peuvent vous donner le plus de renseignements ; beaucoup d'autres personnes n'étant plus hélas de ce monde...Un demi siècle a passé.
Souhaitant que ces quelques souvenirs puissent être utiles à M. Harry ROACH, je vous prie de croire à mes sincères salutations.
Docteur Pierre MARGAT