04/05/2013 Michel VALLEE - Crash B17
Témoignage sur la chute du B17 des Morandières le 1er Mai 1943
Le 1er mai 1943, une escadrille américaine survolait Saint-Père-en-Retz. En passant au-dessus des Morandières, un avion s’est détaché du groupe et a été pris en chasse par les Allemands. Touché, l’avion, avec ses dix hommes d’équipage, explosa en mille morceaux. Quatre hommes ont sauté en parachute, mais malheureusement trois ont été capturés par les Allemands.
Je ne vous dis pas la peur quand on a 10 ans et demi et qu’on voit cette masse qui vous tombe dessus. À ce moment-là, on pense à sa famille. Où est-elle ? Que fait-elle ? Mon oncle René était prisonnier à Berlin. Mon père était parti avec mon frère livrer du bois au boulanger. Mon grand-père emmenait un veau pour les noces de Louis Évain chez le père Pruneau au Moulin-la-Rose. Mes sœurs Marie-Thérèse et Germaine cassaient de l’herbe dans un champ de blé. Il ne restait plus que maman, ma tante, grand-mère, ma petite sœur Monique, la p’tite Léa et moi. Paniqués, on est partis chez les voisins, les Bertin. J’étais terrorisé, je me cramponnais à Louis Bertin. On voyait cette queue qui descendait et qui est tombée à 200 mètres de la maison. Oh ! La peur et le soulagement !
Deux voisins avaient l’habitude de passer à cet endroit, mais ils ont eu la bonne idée d’emprunter le chemin et de se cacher dans la banquette. Par chance, la queue est tombée à 20 mètres d’eux. On a trouvé trois aviateurs morts dans l’avion et un autre dont le parachute était accroché à la queue.
Il restait mes deux sœurs qui travaillaient dans les champs. On partit à leur rencontre mais on ne les voyait pas. On était très inquiets. Tout en les cherchant et en nous dirigeant vers les Quatre-Vents, on est tombé sur un homme mort étendu sur le chemin. Marie-Thérèse et Germaine s’étaient réfugiées chez Auguste Bichon. Tout près de sa maison, une partie de l’avion brûlait, avec des explosions de balles. À vingt mètres, il y avait un autre aviateur, mort lui aussi. Un autre morceau est tombé à la Nouveauté, à un kilomètre des Morandières, entre quatre bœufs appartenant à Joseph Bichon et Pierre Bertin.
À la suite de cet accident, nous avions régulièrement la visite des Allemands qui perquisitionnaient partout. On voyait aussi beaucoup de personnes qui venaient récupérer quelques morceaux à leur insu.
Enfin, nous étions tous vivants.
Michel VALLEE le 4 Mai 2013